LE CALENDRIER CHALDÉEN
En Asie, sur les rives du Tigre et de l'Euphrate, vécut le
pleuple qui paraît s'être élevé le premier aux contemplations célestes. Les données
que l'on possède sur les habitants de ce pays, Babyloniens, Chaldéens, Assyriens, ont
révélé quelle place immense les astres tenaient en ce pays.
La civilisation babylonnienne remonte au moins à 4 000 ans
avant Jésus-Christ. Des fragments d'un grand traité d'astrologie ont été retrouvés à
Ninive; ce traité avait été comiplé par Sargon l'Ancien, dont la vie se place vers 3
800 av. J.-C.
Les observations, d'abord empiriques, poursuivies pendant des
milliers d'années et perfectionnées graduellement, permirent aux Babyloniens des
derniers siècles avant Jésus-Christ d'arriver à des connaissances d'une étonnante
exactitude scientifique, dont les Grecs ont tiré grand parti.
Les Chaldéens notèrent les mouvements des astres,
dressèrent des tables, donnèrent des noms, et leurs observations codifiées formèrent
le premier livre d'astronomie. Ils connurent le gnomon et le cadran solaire. Ils sont à
l'origine de la création des bases du calendrier.
Ils furent les premiers à diviser l'écliptique en douze
parties égales constituant le zodiaque; ils furent également les premiers à diviser la
journée en 12 heures, heures doubles; l'heure était divisée en 60 minutes et la minute
en 60 secondes. Cette division par 12 et par 60 a son explication, et elle réfère
aux origines de la numération.
Bien que les Chaldéens aient commencé à compter sur leurs
doigts, c'est-à-dire par quines, et que les deux mains réunies aient formé deux quines
ou la dizaine, ce qui a donné l'invention simple du système décimal, néanmoins, le
système duodécimal se forma aussi de la manière la plus naturelle. La dizaine ne peut
être divisée exactement que par 2 et par 5, tandis que la douzaine l'est par 2, 3, 4 et
6. Cette propriété de la douzaine, remarquée par les premiers Chaldéens, les a
poussés à s'en servir. En divisant l'unité en soixante parties, ils conciliaient les
deux systèmes décimal et duodécimal, car 60 a pour diviseurs tous les diviseurs de 10
et de 12.
D'où la division du jour en 12 heures, de l'heure en 60
minutes, de la minute en 60 secondes, la division également du cercle en 360 degrés et
du degré en 60 minutes. Depuis leur invention, ces deux systèmes se partagent le monde.
Même si le système décimal soit aujourd'hui plus en faveur, il n'a pas encore
supplanté la division du jour en 12 heures, pas plus que dans le commerce la vente à la
douzaine !
Les Chaldéens mesurèrent d'abord le temps, en dehors du
jour, par les lunaisons; de là, ils arrivèrent rapidement à une année de 360 jours,
répartis en 12 mois de 30 jours chacun. Mais en habiles astronomes qu'ils étaients, ils
s'aperçurent vite que leur année de 360 jours ne correspondait pas à l'année solaire
vraie, dont ils avaient découvert la durée, et ils ajoutaient, tous les 6 ans, un
treizième mois intercalaire de 30 jours. Comme cette intercalation ne suffisait pas
encore, ils annexaient, à des intervalles beaucoup plus éloignés, un second mois
intercalaire.
Voici les noms des mois chaldéens et assyriens :
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Nom chaldéen |
Nom assyrien |
1 |
Nisanu |
Nisanu |
2 |
Aïru |
Aïru |
3 |
Sivanu |
Sivanu |
4 |
Douzu |
Douzu |
5 |
Abu |
Abu |
6 |
Elulu |
Ululu |
7 |
Tashritu |
Tasritu |
8 |
Arajshamma |
Arah-Samma |
9 |
Kisilivu |
Kisilev |
10 |
Thebitu |
Tebetu |
11 |
Shabatu |
Sebatu |
12 |
Addaru |
Adaru |
Le treizième mois intercalaire se plaçait
après Addaru, et s'appelait "incident à Addaru".
Dès une époque reculée, les Chaldéens divisèrent les
mois en 4 semaines de 7 jours, soit 28 jours; comme le mois avait régulièrement 30
jours, les deux derniers restaient en dehors de la série des quatre hebdomades. Ces sept
jours étaient consacrés aux sept corps célestes qu'ils adoraient comme des dieux.
Les noms qu'ils avaient attribué aux sept jours de la
semaines furent ceux du soleil, de la lune et des cinq planètes principales. Les maîtres
de l'astrologie chaldéenne, en considérant que le soleil, la lune et les cinq planètes
connues alors revenaient dans un ordre constant, crurent qu'ils étaient conduits par des
dieux ou génies. Ces esprits gouverneurs des astres se préoccupaient, selon les
astrologues, de ce qui se passait sur la terre où s'exerçait leur influence.
Le dieu du Soleil y envoyait l'esprit,
celui de la Lune, le corps,
Nergal (Mars), le sang,
Nabu (Mercure), l'intelligence et la parole,
Bel (Jupiter), la tempérance,
Istar (Vénus), la volupté,
Ea (Saturne) ou Kirvanu, la paresse du corps et la pesanteur de l'esprit.
Le septième jour devint le jour de repos. Ea (Saturne),
auquel il était consacré, était considéré comme un génie qui envoyait sur la terre
la paresse du corps et la pesanteur de l'esprit. Cette influence de Saturne ne fut sans
doute pas étrangère au choix de ce jour pour y cesser le travail lorsque les rois
assyriens voulurent procurer à leurs esclaves un repos périodique.
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LE CALENDRIER HÉBRAÏQUE
Le calendrier hébraïque est une variante du calendrier
chaldéen, auquel il ressemble assez pour qu'aucun doute ne soit possible. Le peuple
Hébreux se servait déjà d'un calendrier avant d'aller en Égypte; il connaissait le
zodiaque.
Le nombre 12 était devenu chez les Orientaux un nombre
mystique très favorable. Avec la numération duodécimale, les douze signes du zodiaque,
les douze mois de l'année, les douze heures du jour, il y aura chez les Hébreux, les
douze tribus d'Israël, et plus tard les douze portes de Jérusalem, les douze apôtres,
etc.
Plus près de nous, même, Napoléon 1er eut ses douze
maréchaux !
Les douze mois du calendrier Hébraïque :
1 |
Nisan |
30 jours |
7 |
Tishri |
30 jours |
2 |
Iyar |
29 jours |
8 |
Heschwan |
29 jours |
3 |
Siwan |
30 jours |
9 |
Kislew |
30 jours |
4 |
Tamouz |
29 jours |
10 |
Thebeth |
29 jours |
5 |
Ab |
30 jours |
11 |
Schebath |
30 jours |
6 |
Elul |
29 jours |
12 |
Adar |
29 jours |
Un treizième mois intercalaire du nom de We-Adar est ajouté
en suivant le principe du cycle de Méton, formé de dix-neuf années solaires équivalent
à 235 lunaisons majeures.
La semaine du calendrier Hébraïque comporte 7 jours qui
sont mesurés d'un coucher de soleil à un autre. C'est ce calendrier qui est encore
aujourd'hui celui des Juifs. Le nombre sept était un nomjbre sacré chez les Sémites, et
son carré l'était encore davantage. On peut faire sur ce nombre 7 des remarques
semblables à celles qui s'appliquent au nombre 12 : les 7 jours de la semaine, les 7
planètes, les 7 couleurs de l'arc-en-ciel, les sept notes de la gamme, les sept
sacrements, les sept dons du Saint-Esprit, etc. "Faut-il pardonner sept fois
?" demandaient les Juifs à Jésus. "Septante fois sept fois",
répondit-il. Et le sage, avant de parler, "tourne sa langue sept fois dans sa
bouche". |
LE CALENDRIER ÉGYPTIEN
Bien que très ancien, le peuple Égyptien a, lui aussi,
emprunté son calendrier aux Babyloniens, encore plus anciens et mieux placés pour faire
les observations dans leur ciel plus clair. Les Babyloniens, en effet, possédaient
quelque chose qui leur assura l'avantage en astronomie sur les Égyptiens : outre
l'ancienneté, ils avaient le privilège d'un ciel clair et transparent comme le cristal,
tandis que l'atmosphère de l'Égypte est presque toujours obscurcie par cette brume plus
ou moins épaisse qu'on rencontre dans les pays bas.
La crue du Nil eut une grande influence sur le
perfectionnement du calendrier égyptien, en ce qu'elle poussa à la détermination et à
la notation d'une année fixe. On admet comme vraisemblable que le mois, puis le double
mois lunaire, furent assez vite remplacés par 3 saisons de 4 mois chacune, auxquelles on
donna, comme aux lunaisons, le nom d'année. On pense qu'alors aussi, ils firent leurs
mois tous de 30 jours, ce qui donna une année de 360 jours.
Ce fut donc l'observation du lever héliaque de Sirius, le
retour périodique des inondations du Nil et des saisons agricoles qui fournit la notion
exacte de l'année fixe.
Voici les noms des douze mois du calendrier égyptien :
1 |
Thot |
Saison d'inondation |
2 |
Phaophi |
3 |
Athyr |
4 |
Choïak |
5 |
Tybi |
Saison de végétation |
6 |
Méchir |
7 |
Phaménoth |
8 |
Pharmuthi |
9 |
Pachon |
Saison de récolte |
10 |
Payni |
11 |
Epiphi |
12 |
Mésori |
Auxquels il faut ajouter 5 jours épagomènes.
Ce calendrier a été en usage dans toute l'Égypte pendant
longtemps. Il remonte à une époque très ancienne estimée être au moins 3 000 ans
avant l'ère actuelle, et aurait été institué à Memphis alors qu'elle était siège de
dynastie.
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